Juin 2025

Éditorial par François-Marie Héraud

La douceur

En cette année jubilaire, nous sommes invités à être des Pèlerins de l’Espérance. Sur notre route quotidienne, la douceur souhaite se faire notre compagne. Elle qui a d’insignes équivalents : la bonté, l’amabilité, la tendresse, la gentillesse, la délicatesse, la patience, la bienveillance, l’indulgence et l’humanité.

D’un point de vue chrétien, la douceur ne passe pas inaperçue puisque le Christ la propose comme une des huit Béatitudes : « Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage. » (Mt 5, 5) Et saint Paul la compte parmi les Fruits de l’Esprit Saint : « Mais voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi. » (Ga 5, 22-23)

Ainsi, pour le Seigneur, les « doux » s’enrichiront d’un grand bonheur et deviendront héritiers d’une promesse, d’une terre à recevoir. 

Mais comment vivre la douceur alors que la violence, l’individualisme, la course au pouvoir et aux richesses règnent? Ne faut-il pas changer radicalement nos priorités?

La douceur n’impose rien, ne se montre pas violente pour être entendue et ne veut ni posséder ni contrôler. Discrète, silencieuse et respectueuse, elle invite aux rencontres, à l’écoute, à rendre service. À contre-courant d’un monde en quête d’intelligence artificielle, la douceur ramène à un essentiel fait de compassion, d’entraide, de miséricorde. Ainsi, la quête de la douceur vise à participer au bonheur dont le Christ fut lui-même le témoin par toute sa vie. 

« Conduis-moi, douce lumière, parmi l’obscurité qui m’environne, conduis-moi ! La nuit est sombre, et je suis loin de ma demeure, conduis-moi !

Garde mes pas ; je ne demande pas à voir les scènes éloignées : un seul pas est assez pour moi. »
    (Saint John Henry Newman)

De plus, la douceur révèle l’audace d’une immense liberté. Liberté qui est celle de l’humilité et de la pauvreté. Le doux, en vivant une relation où il n’est plus seul, est affranchi de la peur en prenant conscience que sans cet Autre, il ne peut rien. Et cette terre dont il hérite, Dieu l’habite déjà et est Celui qui donne un sens à ses gestes, à ses rencontres, à sa vie tout entière qui peut alors s’y enraciner. 

La douceur, véritable grâce, transforme notre regard et nous rapproche des autres. Autres qui comme nous, seuls, peuvent être fragiles, blessés, abandonnés. Nous devenons alors de bons Samaritains et surtout de simples bienheureux. 

Comment, aujourd’hui, vivre cette douceur en nous et la rayonner autour de nous? Seuls, nous n’y parviendrons pas. Nous devons accepter de nous abandonner à un guide, à Celui qui nous invite à devenir meilleurs chaque jour. C’est alors que notre vie sera métamorphosée par un Souffle nouveau qui nous mettra en marche à la suite de Celui qui est Chemin, Vérité et Vie. 

Union de prière!

 


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Billet, Charles Duval, C.Ss.R.,

Archevêque coadjuteur de Grouard-McLennan

Doux et humbles de coeur

Comment être pèlerins d’espérance sans être doux? Dans notre monde, la douceur est souvent perçue comme une faiblesse. Dans la Parole de Dieu, elle pourrait mieux être définie comme « puissance sous-contrôle ».

Il y a définitivement une satisfaction lorsqu’on est frustré et qu’on répond par la violence. Elle obtient même souvent des résultats. Qui ne tente pas de plaire à une personne agressive et violente pour ne pas être victime de ses sautes d’humeur? Mais jamais cette personne ne sera notre amie, jamais elle n’influencera nos décisions importantes, jamais elle ne nous permettra de rencontrer le visage de Dieu.

« Heureux les doux… », dit Jésus, « … ils auront la terre en héritage. » (Matthieu 5, 5) Si le but est d’avoir des résultats qui persistent, la douceur est bien plus efficace.

« Dans notre pèlerinage de vie, bien des défis nous attendent. Jésus nous propose de les attaquer par la douceur, présentant l’autre joue, 

accueillant l’autre dans la patience et l’humilité… comme Lui. »

Saint François d’Assise me vient comme l’un des exemples les plus convaincants. Lui qui avait connu la puissance des armées et la guerre a décidé de vivre pauvre et doux pour suivre Jésus. Son influence a été tellement grande, qu’encore aujourd’hui, une foule de chrétiens et de chrétiennes suivent son exemple : l’ordre des Franciscains, des Clarisses et les associations qui y sont rattachées comptent parmi la plus grande famille religieuse dans l’Église. Le Pape François avait choisi de prendre ce nom et d’adopter cette façon d’influencer le monde.

Dans notre pèlerinage de vie, bien des défis nous attendent. Jésus nous propose de les attaquer par la douceur, présentant l’autre joue, accueillant l’autre dans la patience et l’humilité… comme Lui.