Avril 2025

Éditorial par François-Marie Héraud

CONSOLER

Être pèlerin d’espérance, c’est aussi apprendre à être consolateurs. Notre monde a tellement besoin de cœurs remplis de compassion et d’attention pour celui ou celle qui souffre. En faisant mon ministère de prêtre, j’ai découvert que ma première réaction comme homme, lorsque je rencontre la souffrance, c’est d’essayer de régler le problème. C’est rarement la bonne réaction. La souffrance ne se résout pas en prononçant des paroles encourageantes, en faisant quelque chose qui la fait soudainement disparaître, ou en tentant de minimiser sa réalité. J’ai vite appris qu’une présence discrète, mais rassurante, est souvent la meilleure façon de consoler. Il y a des souffrances qu’on peut raisonner. Mais la plupart du temps, ce qui est le plus souffrant n’a pas de sens à nos yeux. Qui peut comprendre la perte tragique d’un enfant? Qui peut expliquer une maladie foudroyante?

Si la vie s’écoule bien souvent tout doucement, sans bruit, il n’en est malheureusement pas toujours ainsi. Un jour ou l’autre, des pleurs jailliront, la douleur et la souffrance nous atteindront. Quoi que nous fassions, qui que nous soyons, nous ne pouvons pas y échapper, car nous sommes des êtres fragiles et vulnérables. Un rien peut nous affecter et tout remettre en question, un accident tout briser. En ces moments difficiles, l’enfant se tournera naturellement vers ses parents, le souffrant vers les siens afin de trouver réconfort.

L’humanité a quelque chose d’unique. Bien que souvent, elle recherche l’efficacité et le profit, ce n’est pas là que sa valeur profonde se révèle. L’humanité est tellement plus! Consoler, même si cela semble inutile, constitue un des sommets de nos actions. Pour s’en rendre compte, il faut avoir souffert soi-même et être passé par là.

Ici, les mots révèlent tellement. Peiner, blesser, chagriner, attrister, tourmenter, accabler sont tous des contraires de consoler. Comme il est facile dans notre quotidien de poser des gestes, d’avoir des paroles dont les fruits seront à l’opposé de la consolation. Conséquemment, il sera difficile de véritablement consoler.

« Ô Seigneur, que je ne cherche pas tant à être consolé qu’à consoler, à être compris qu’à comprendre, à être aimé qu’à aimer. »
(Saint François d’Assise)

Pour consoler, il faut d’abord être sensible à l’autre, percevoir sa souffrance, sa douleur, et voir en lui ce qui nous fait si peur en nous-mêmes. Avec tout cela, accepter de s’arrêter pour apaiser, rompre l’isolement et simplement l’accompagner par notre présence en ces moments difficiles.

La consolation se vit par un regard échangé dans le silence alors que les mots ne peuvent pas en dire autant. C’est un sourire donné, une main tendue, des bras ouverts, un simple mot de tendresse que la personne blessée seule accueillera et chérira pour amenuiser ses prochaines douleurs. 

Curieusement, ces regards échangés, ces rencontres nous font grandir en nous imprégnant d’une nouveauté, d’une diversité inconnue et en révélant une beauté qui nous dépasse et nous unit, la beauté de la vie. Ainsi, consoler interpelle et recrée en nous le meilleur de ce qui nous a été donné. C’est vrai tant pour la personne consolée que pour celle qui se fait consolatrice.

Consoler, c’est aller et se tenir là où la peur peut régner. En cela, consoler est exigeant. Pour y parvenir, il faut d’abord accueillir sa propre souffrance et l’accepter. Ces démarches d’accueil et d’acceptation sont essentielles pour apporter la consolation. Bien plus facilement, nous rejetterons la souffrance en tentant de la masquer, en faisant semblant qu’elle n’existe pas, qu’elle ne peut pas nous atteindre. 

Plus que quiconque, dans l’histoire de l’humanité, une femme apporte consolation. Marie est celle qui a cru, a accueilli la Parole, a donné naissance au Seigneur et l’a accompagné jusqu’à la croix. Sa foi l’a guidée à se tenir debout aux côtés du Christ en toutes circonstances et à devenir notre Mère.

Que Marie nous montre le véritable chemin de la consolation! 
Que sa confiance nous inspire! 
Que son humilité et sa prière nous guident!

Joyeuses Pâques!

Union de prière!

 


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Billet

Charles Duval, C.Ss.R., Archevêque coadjuteur de Grouard-McLennan

Pèlerins simplement présents

Être pèlerin d’espérance, c’est aussi apprendre à être consolateurs. Notre monde a tellement besoin de cœurs remplis de compassion et d’attention pour celui ou celle qui souffre. En faisant mon ministère de prêtre, j’ai découvert que ma première réaction comme homme, lorsque je rencontre la souffrance, c’est d’essayer de régler le problème. C’est rarement la bonne réaction. La souffrance ne se résout pas en prononçant des paroles encourageantes, en faisant quelque chose qui la fait soudainement disparaître, ou en tentant de minimiser sa réalité. J’ai vite appris qu’une présence discrète, mais rassurante, est souvent la meilleure façon de consoler. Il y a des souffrances qu’on peut raisonner. Mais la plupart du temps, ce qui est le plus souffrant n’a pas de sens à nos yeux. Qui peut comprendre la perte tragique d’un enfant? Qui peut expliquer une maladie foudroyante? 

La souffrance fait peur. Souvent, ceux qui souffrent voient leurs amis s’éloigner poliment. On a du mal à s’expliquer la souffrance. On ne sait pas comment aider. Que dire? Que faire? On craint tellement de souffrir soi-même.

 Mais que fait Jésus? Qu’attend-t-Il de nous? En fait, je crois qu’être un consolateur est simple si l’on accepte d’être là, inutile et disponible. Ce peut être difficile, car la compassion invite souvent le partage de la souffrance. Mais on peut être là, malgré la peur, l’incertitude, l’impression de ne servir à rien. La présence parle tellement plus que les mots. Ne sommes-nous pas invités par le Christ à être ses oreilles, ses mains, sa bouche… sa présence?